BLOG: Reportage Producteur GOVA

J’ai déjà visité de nombreuses pépinières, mais je n’en ai encore jamais vu où les plantes étaient cultivées aussi longtemps avant de pouvoir nous être expédiées. Je parle du Laurus nobilis, une plante mythique dont la pépinière Gova a fait l’œuvre de sa vie. Jack Goossens a des tas de choses à nous raconter à son sujet. En me promenant dans les champs, j’apprends comment cette plante noble a récemment offert un tournant inattendu à la pépinière. Mais Jack débute avec un petit peu d’histoire.

Dans les années 70, mes parents cultivaient des kentias. Lorsqu’éclata la crise du pétrole, ils partirent à la recherche d’une culture moins énergivore. Nous nous trouvons dans le sud des Pays-Bas, littéralement à la frontière belge. Il fallait donc trouver quelque chose de particulier qui n’était pas encore cultivé aux Pays-Bas et qui valait la peine pour les commerçants de l’ouest du pays de se déplacer jusque chez nous. Ils ont opté pour le laurier. Avec une pépinière de 23 hectares, nous sommes leader sur le marché de ce produit.

Je vois des lauriers en petits pots jusqu’à des exemplaires énormes. Est-ce qu’ils font tous partie des fameux lauriers-sauces ou s’agit-il d’espèces différentes ?
Ce sont tous des lauriers dont vous pouvez tout à fait utiliser les feuilles pour votre barbecue, pour préparer des sauces et pour cuire votre viande. Dans les petits pots, nous les vendons comme véritables lauriers-sauces. Ceux-ci sont cultivés dans un environnement clos et répondent aux exigences sévères pour pouvoir être commercialisés en tant que plantes « comestibles ». Nous sommes contrôlés dix fois par an, de façon prévue et à l’improviste.

Toutes nos cultures proviennent de nos propres boutures. Cela prend du temps pour transformer un laurier en petit arbre. Un plant a en moyenne 8 ans lorsqu’il quitte la pépinière. Le petit laurier-sauce a 1,5 an et fait encore baisser un peu la moyenne, vous pouvez donc imaginer l’âge des troncs un peu plus gros.
À chaque automne, nous déménageons toutes les plantes vers la serre couverte pour l’hivernage et dès mi-mars, elles retournent à l’extérieur. Cela nous prend près de huit semaines pour tout déménager. Si au printemps, il y a encore des gelées nocturnes, une installation d’arrosage se met en route, de sorte que ce sont les gouttes d’eau qui gèlent et non pas les plantes.

« Depuis le début de notre civilisation, le laurier occupe une place particulière »

Je vois tout un tas d’anciens pots en plastique ici. À quoi servent-ils ?
Le laurier fait partie de la gamme supérieure des produits de luxe. C’est pourquoi chaque plante reçoit, au moment de la commercialisation, un tout nouveau pot. Les anciens pots sont ensuite réutilisés pour les nouvelles cultures. Tous les pots endommagés en cours d’année sont récupérés par le fournisseur de pots qui les recycle.

Vous louez son aspect luxueux, mais quelles sont les autres caractéristiques particulières du laurier ?
Il est vert tout au long de l’année, il possède un parfum subtil, un port classique et c’est une épice. C’est en outre une plante qui a une longue histoire et une valeur symbolique. Selon le pays, cette valeur est différente. Saviez-vous qu’en Allemagne, il joue un rôle pendant les enterrements et qu’en Angleterre et en Irlande, c’est un cadeau traditionnel au moment de Noël ?

C’est un produit relativement cher. Avez-vous encore des conseils de vente pour les jardineries ?
C’est une plante idéale pour les topiaires. D’ailleurs, les plants les plus souvent livrés sont de loin ceux aux formes pyramidales ou en boule sur tige. Je conseille aux jardineries de proposer environ 2/3 en boule sur tige et 1/3 en pyramide. Faites une jolie présentation des plantes dans un bel endroit de la serre froide de la jardinerie.

Nous pouvons aussi aider à rendre l’offre particulièrement attrayante. Depuis le début de notre civilisation, le laurier noble occupe une place particulière. Il y a donc bien assez de choses à raconter au consommateur. Nous avons développé différents concepts de vente et les avons fait traduire en 12 langues. Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à contacter Javado. Nous avons des thèmes tels que les Arômes, le Bien-être, Classique, Tendance et Noël.

Ces jolies boules et pyramides, comment arrivez-vous à les réaliser?
Nous avons conçu nous-mêmes des machines qui taillent les plantes mécaniquement. Les machines ne peuvent toutefois pas voir si elles ont coupé proprement une petite branche ou si elles ont coupé une feuille en plein milieu. C’est pourquoi nous réalisons les tailles un an avant la livraison. Lorsque les plantes quittent la pépinière un an plus tard, elles ont une jolie forme et sont encore légèrement retaillées à la main.

Nous voulions faire quelque chose de particulier avec toutes ces feuilles que nous coupons. Et cela est entre-temps devenu toute une histoire en soi.

C’est sûrement quelque part en lien avec le laboratoire que nous venons de voir ?
Précisément. Nous avons un flux régulier de feuilles de laurier que nous mettions toujours au compost. Mais nous soupçonnions que ce flux résiduel avait une certaine valeur. Nous avons commencé à étudier cela et avons découvert comment nous pouvions extraire de l’huile essentielle de ce flux résiduel. Avec cette huile, vous pouvez faire de tout, par exemple dans le domaine des cosmétiques ou de l’industrie alimentaire. Nous extrayons désormais de la valeur de nos déchets de taille. Cela a été tellement agréable que nous utilisons désormais aussi l’expertise que nous avons acquise pour faire des recherches pour des producteurs aux cultures différentes. Depuis, de nombreux producteurs se sont adressés à nous pour étudier la valeur que pourraient contenir les racines, feuilles ou fleurs de leurs produits.

Publié le: 15 octobre 2020