BLOG: Reportage producteur Carni Flora

Au cours des dernières années, nos ventes de plantes carnivores ont augmenté de façon notable. Il est grand temps d’aller rendre visite à la pépinière. À Aalsmeer, tout près de l’aéroport de Schiphol, une visite guidée pas comme les autres nous attend. Le propriétaire Justin van Kessel a beaucoup de choses à nous raconter et à nous montrer.

Comment est née la pépinière Carni Flora ?
La pépinière a été créée il y a exactement 25 ans. Mon père, René, travaillait chez un exportateur de plantes et ressentait le besoin de passer à autre chose. Son ami d’enfance connaissait bien le monde des plantes carnivores et ensemble, ils ont alors créé leur propre pépinière. J’ai intégré l’entreprise après avoir terminé mes études, et aujourd’hui j’en suis le propriétaire. Mon père pourrait commencer à lever le pied, mais pour le moment, il travaille toujours à plein temps. On fait un tour dans les serres ?

Ceci n’est pas une pépinière « ordinaire », cela saute immédiatement aux yeux. Ici, pas de serres à perte de vue pilotées par des robots, mais une serre à taille humaine où une équipe d’horticulteurs prend soin des plantes.  Justin raconte :
Nous évoluons dans un marché de niche. Comme vous pouvez le constater, nous n’avons pas de grands complexes de serres. Pourtant, nous détenons la plus grosse part du marché des plantes carnivores. Bien sûr, notre serre peut accueillir une très grande quantité de ces petites plantes.

Nous produisons nos propres plants, entre autres à partir de graines, et certaines espèces nous sont fournies par un sélectionneur. Nous avons plus de 60 variétés.  Voici les tunnels en plastique dans lesquels se déroule l’élevage des jeunes plants. À ce stade, ils sont très fragiles. Les plantules ne sont pas toutes viables, mais une fois qu’elles ont surmonté cette étape, elles sont plutôt résistantes.

On remarque que de nombreuses plantes carnivores produisent une fleur…
Tout à fait, et la fleur se développe toujours à l’extrémité d’une longue tige. Savez-vous pourquoi ? Chez les plantes carnivores, la reproduction se déroule comme chez les plantes normales, c’est-à-dire par la pollinisation croisée des fleurs. À ce moment précis, les insectes ne sont temporairement plus des proies, mais des alliés utiles qui volent d’une plante à l’autre sans être attirés dans le piège. C’est pour cette raison que la fleur trône au sommet d’une tige, éloignée de la plante. Pendant la phase d’élevage de la variété Dionaea muscipula, nous supprimons les fleurs, pour que toute l’énergie soit disponible pour la plante elle-même.

Un taux de mortalité relativement important, beaucoup de travail manuel…la culture de plantes carnivores peut-elle être rentable ?
S’ajoute à cela que leur croissance est extrêmement lente. Souvent, une petite plante dans un pot de 8,5 cm a déjà atteint l’âge d’un an ou plus. Les plantes en pot de taille supérieure sont déjà âgées entre 1,5 et 2 ans. Vous comprendrez pourquoi le coût de revient de ce type de plantes est considérablement élevé.  C’est pourquoi nous ne faisons aucune action auprès des supermarchés discount, mais sommes pleinement concentrés sur le commerce de détail spécialisé.

Justin nous conduit vers un petit recoin de la serre où se trouvent des variétés très spéciales
Voici une Darlingtonia carlifornica. C’est une très jolie plante carnivore à grosses urnes que nous aimerions ajouter à notre assortiment. Dans la nature, la plante pousse en montagne, sur un sol rocailleux et près d’un torrent. Nous sommes actuellement en train de faire des essais pour savoir si nous arrivons à cultiver de jolies Darlingtonias ici à Aalsmeer.

Nous cultivons de très nombreuses variétés. Mais 40 % de notre chiffre d’affaires est issu de la vente de Dionaea muscipula, communément appelée « attrape-mouche de Vénus ». Les variétés Sarracenia, Drosera, Nepenthes et Pinguicula sont également populaires. Nous constatons souvent qu’une jardinerie aménage un espace dédié aux plantes carnivores et commence avec des dionées et notre mix de carnivores. Ensuite, les ventes progressent et le magasin ajoute de plus en plus de variétés.

Cette question peut vous paraitre naïve : fournissez-vous des insectes que les plantes peuvent capturer ?
Non, ce n’est pas nécessaire. Dans la nature, les plantes poussent dans des zones aux sols très pauvres, où elles survivent grâce aux nutriments contenus dans les insectes morts. Mais elles possèdent aussi des racines avec lesquelles elles peuvent extraire les nutriments du sol. Nous savons exactement de quelle manière nous pouvons les nourrir via les racines. Nous n’avons donc pas besoin de fournir des insectes. Elles pourront commencer à capturer des insectes une fois arrivées chez le consommateur.

Quels sont vos projets d’avenir ?
Javadoplant est en croissance rapide chez nous, mais aussi de manière générale, nous constatons que nous pouvons vendre de plus en plus de plantes. Pourtant, en matière d’expansion, nous y allons doucement, pour la simple raison que nous évoluons dans un marché de niche. Pour nous, il est important que le marché reste axé sur la demande et ne devienne pas un marché orienté offre. Affiner nos connaissances et notre savoir-faire est notre priorité.

Publié le: 20 juin 2019